• Composante

    PHILOSOPHIE

Discipline rare

Non

Description et objectifs

Energeia dans l’éthique aristotélicienne

 

La notion d’energeia (ἐνέργεια) est massivement utilisée dans les deux éthiques attribuées à Aristote (Éthique à Nicomaque et Éthique à Eudème), au contraire du quasi synonyme d’entéléchie (ἐντελέχεια) qui ne se rencontre jamais en contexte éthique. Elle occupe un rôle central dans la définition de la vertu, du bonheur, du plaisir et de l’amitié. On pourrait s’en étonner car il s’agit d’un terme qui relève d’abord du vocabulaire métaphysique. Selon Aristote, l’energeia est en effet un sens de l’être, celui de l’acte, distingué de l’être en puissance ; c’est à ce titre que cette notion est examinée au début de Métaphysique, Thêta 6. Mais, dans un passage problématiquement placé après celui-ci dans ce même chapitre, Aristote explique que l’energeia désigne aussi une action qui possède sa fin en soi. Il en donne comme exemples vivre, voir, penser et être heureux. Energeia, néologisme forgé par Aristote, est donc manifestement aussi un terme par lequel est désignée une dimension spécifique de certaines expériences, humaines et divines. Grâce à lui, Aristote renouvelle certaines analyses éthiques en les libérant de l’ancien vocabulaire physique du mouvement et du repos, duquel Platon était encore tributaire. Mais pour dire quoi ? L’objet de ce séminaire sera donc double : (1) quels sont les sens d’energeia dans l’éthique aristotélicienne ? (2) A quoi Aristote fait-il servir cette notion dans ce contexte, contre Platon mais aussi Socrate et les anciens physiciens ? Ainsi, le but du séminaire sera de voir de quelle façon l’éthique aristotélicienne bénéficie d’une nouvelle philosophie de l’action et de la vie humaines permise à son tour par sa nouvelle ontologie. Il conduira donc à opérer des va-et-vient entre les corpus éthiques, physiques et métaphysiques. A l’horizon, bien sûr, notre objet sera de préciser les modes et l’étendue de l’unification que cette 

notion permet à Aristote de mettre en place, de la « philosophie des choses humaines » à sa théologie.

Le séminaire procédera notamment par traduction et lecture de textes. La connaissance du grec n’est cependant pas requise pour le suivre. Une bibliographie détaillée sur la littérature secondaire sera distribuée en début de semestre. En plus de la Physique et de la Métaphysique, les principaux textes utilisés seront bien entendu les deux Éthiques (dans les éditions et traductions indiquées plus bas) ; on se reportera également à la Grande Morale et aux fragments du Protreptique (dans l’édition de Düring).

 

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Syllabus

Éthique à Eudème – Textes et traduction :

Aristotelis Ethica Eudemia rec. (…) F. Susemihl, Teubner, 1884 (repr. 1967).

Aristotelis Ethica Eudemia rec. (…) R.R. Walzer & J.M. Mingay, Oxford Classical Texts, 1991.

Aristote, Éthique à Eudème, Introduction, traduction et notes par V. Décarie, Vrin, 1991.

Aristote, Éthique à Eudème, Introduction, traduction et notes par O. Bloch et A. Leandri, Les Belles Lettres, Encre Marine, 2011.

Aristote, Éthique à Eudème, Introduction, traduction et notes par C. Dalimier, GF, 2013.

 

Éthique à Nicomaque – Textes et traduction :

Aristotelis Ethica Nicomachea rec. (…) I. Bywater, Oxford Classical Texts, 1894.

Aristote, Éthique à Nicomaque, Traduction et notes par J. Tricot, Vrin, 1959.

Aristote, Éthique à Nicomaque, Présentation, traduction et commentaire par R.A. Gauthier et J. -Y. Jolif, Peeters, 1958.

Aristote, Éthique à Nicomaque, Traduction et présentation par R. Bodéüs, GF, 2004.

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