Composante
ETUDES ITALIENNES, LITTERATURE FRANCAISE ET COMPAREE, LANGUE FRANCAISE, LATIN, ETUDES GERMANIQUES ET NORDIQUES
Volume horaire CM
2h
Nombre de semaines
13
Discipline rare
Non
Description et objectifs
Fiction et expérience
Le siècle des Lumières est marqué par un développement de la pensée empiriste qui fait dériver toutes nos connaissances de l’expérience et des sens. Mais dès avant Locke, la plupart des savants et des philosophes (en premier lieu Fontenelle) avaient rejeté les « romans de physique » du cartésianisme et affirmé hautement le primat de l'expérience. Parallèlement, la fiction littéraire se fait alors volontiers elle-même expérience réglée, protocole avec démarches et étapes, exploration et vérification d’hypothèses. La fiction des Lumières s’est plu, en effet, à prendre la forme d’épreuves ou d’expériences les plus diverses : qu’advient-il si le maître d’un sérail part en voyage et laisse ses épouses languir durant de longues années (Montesquieu, Lettres persanes) ? Si l’on
isole quatre enfants jusqu’à l’adolescence et qu’on les fait ensuite se rencontrer (Marivaux, La Dispute) ? Comment se présente une micro-société féminine entièrement tournée contre la nature (Diderot, La Religieuse) ? Peut-on imaginer une thérapeutique de l’âme fondée sur un effacement
des traces du passé et une neutralisation de la mémoire des passions (Rousseau, La Nouvelle Héloïse) ?, etc. En s’appuyant sur un large éventail de textes de la période, le séminaire s’efforcera de dessiner les contours et de situer les enjeux de ces fictions expérimentales.
Syllabus
Hans Blumenberg, La Légitimité des temps modernes, Paris, Gallimard, 1999.
Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’histoire de l’idée de Nature, Paris, Gallimard, 2004.
Curiosité et libido sciendi, de la Renaissance aux Lumières, textes réunis par Nicole Jacques-Chaquin et Sophie Houdard, 2 vol., Presses de Fontenay (Theoria), janvier 1999.